Hors-champ, dans l’intimité de ce décor tout « pouldusien » qui l’a vue grandir à chaque vacances scolaires, elle évoque à demi-mots ses souvenirs, mais aussi en écho au lieu, ses propres « instants T ». Comme Théâtre. Un univers qui l’a fait vibrer dès son plus jeune âge, à 6-7 ans. « Je dealais avec la baby-sitter de ranger la vaisselle, la cuisine… pour qu’elle me laisse regarder une émission que j’adorais, « Au théâtre ce soir », avec Michel Roux, Jacques Balutin, Rosie Varte… Ils me faisaient rire. Et je me suis dit : « Je veux faire ça ! ». Je n’ai jamais voulu faire autre chose. » Tant et si bien que ce désir de monter sur les planches attend patiemment l’année du baccalauréat où elle débute ses premiers cours de théâtre, en même temps qu’une fac de psycho.
EN PLATEAU ET SUR SCÈNE
Dix ans plus tard, « je décroche mon premier gros rôle : une rédactrice de mode odieuse dans Eva Mag, une série Canal+. » Une étape importante « qui me fait véritablement rentrer dans le métier. »
À la même époque, commence aussi l’aventure de la troupe « Les Voilà », sur la scène ouverte du Théâtre Trévise : Le FIEALD. De cette expérience est né un spectacle qui a eu énormément de succès, et « une rencontre avec une famille. » confie Tatiana Gousseff. « On écrivait nos propres sketches et on se mettait en scène. » Ses débuts d’autrice, se souvient-elle.
Toujours avec un carnet de notes à portée de main, elle écrit, traduit, met en scène, enseigne, en même temps qu’elle joue… Cette polyvalence suffit-elle à la définir comme artiste ? Pas sûre… « Pour moi, un artiste est quelqu’un qui peut faire valoir son point de vue, dont la voix peut faire avancer la société, en étant moteur de ses propres œuvres. Là, je suis à un moment charnière parce que pour les comédiennes, c’est plus compliqué à partir de 50 ans. Je vais voir ce que l’avenir me réserve, mais désormais, j’ai besoin de prendre la parole. » aspire celle qui est aussi (re)connue pour ses talents de voix-off, et de voix en voie, elle aimerait justement trouver une autre façon de se faire entendre, bien à elle.
D’UNE SAISON À L’AUTRE
Bientôt à l’affiche de deux longs-métrages, « Bac+12 » de Patrick Bossard, et « L’échappée Belle », de Florence Vignon, aux côté de Jacques Gamblin et Zita Hanrot, elle savoure ce que le cinéma peut lui offrir. Et puis il y a « Tandem », cette série télévisée qui entame sa 6e saison sur France 3, à laquelle elle semble profondément attachée, sûrement parce que les héros sont des gens ordinaires. « Je pense que tout le monde doit être représenté dans les fictions. Je suis très militante sur les questions de diversité et de discrimination. » affirme-t-elle en écho à son rôle, le capitaine Sabine Mauriac, une malentendante. Un militantisme qui l’amène, notamment, à jouer en 2019 à Quimperlé, un spectacle sur l’identité, « Ma vie en biais », qui raconte l’histoire de tout un chacun, « du long chemin à parcourir pour se rencontrer soi, pour grandir… ». Un de ses chemins qui la ramène chaque fois qu’elle le peut sur les terres de la maison familiale au Pouldu, construite en 1927 par son grand-père. Un lieu de ressources, de souvenirs… confie-t-elle, dans lequel ses enfants se sont ancrés à leur tour. « C’est curieux d’avoir des rendez-vous avec une terre, un territoire dont on ne se lasse jamais. La Bretagne est le parfait reflet de mon caractère, et le Pouldu, l’endroit où j’ai planté mes racines. Un lieu fondateur, que j’aime passionnément.»