Simon Cojean pensait lui aussi en connaître un bout sur sa région natale. Guide conférencier/guide touristique aux quatre coins de la Bretagne durant presque quinze ans, il prend un jour conscience de ses lacunes à la suite d’une visite sur les remparts de Saint-Malo. Piqué au vif par les remarques d’un auditeur érudit, il se remet en question et passe le diplôme d’études celtiques à l’université de Rennes. « Et là j’apprends plein de choses sur l’histoire de la Bretagne. Le b.a.-ba que tout le monde devrait connaître. » Et c’est justement cette envie de partager cette connaissance qui le pousse à monter à Paris pour apprendre les techniques d’écriture du théâtre. Après deux ans de travail, il sort un one man show intitulé « Nous n’avons plus les chapeaux ronds. » qu’il présente à Loudéac, son pays natal. Mais c’est sa rencontre avec le metteur en scène Sébastien Chambre qui marque un nouveau tournant. Ensemble ils retravaillent son spectacle qu’ils rebaptisent « 100 % beurre salé ».
Un concentré de clichés sur la Bretagne que Simon aime à déconstruire. « Quand je rentre sur scène, je dis : « La Bretagne, 3000 km de côtes, et où est ce qu’on les met les cochons ? Parce que ça c’est ma réalité. Je suis du centre Bretagne, plus au centre, tu meurs… ». De ses racines bretonnes, il n’en revendique en effet que la ruralité. « C’est là que j’ai envie d’aller donner mes spectacles auprès des habitants dans des petits et moyens bourgs, dans cette campagne où j’ai grandi. »
« Plus on est enraciné, plus on est universel »
Et pourtant, par amour, c’est bien sur le littoral, à Clohars-Carnoët, qu’il a choisi de vivre. Comme cette Bretagne qu’il dépeint dans son spectacle toute en nuances et diversité, Simon Cojean n’est-il pas aussi fait du même bois ? « Moi, je suis un gars du pays de Loudéac, un européen et un citoyen du monde. » De Bretagne certes, mais bien plus… Et c’est là, toute l’intelligence de son spectacle qui, derrière le masque de l’humour, réinterroge l’identité bretonne pour mieux s’ouvrir sur le monde. En témoigne la maxime de sa prochaine création « 200 % beurre salé » actuellement en préparation : « Plus on est enraciné, plus on est universel. »
Et d’enracinement justement, la danse bretonne est l’autre passion de l’artiste qu’il pratique dès l’âge de 8 ans dans le cercle celtique créé par son père à Saint Caradec, et aujourd’hui au prestigieux Eostiged Ar Stangala de Quimper. Mais là encore, Simon démontre dans une future conférence dansée ethno-humoristique, « La danse bretonne n’existe pas », que rien n’est totalement 100 % pur breton, « que la danse traditionnelle, comme tout, se nourrit d’autres apports extérieurs. »
Véritable touche-à-tout, il a cosigné également un livre « Les expressions bretonnes illustrées », et dernièrement une BD avec l’auteur LenOar, adaptée de son spectacle, « 100 % beurre salé : suivez le guide ! ». Parmi ses talents (plus) cachés, notre humoriste est aussi conteur, avec un spectacle à destination des enfants, des écoles… « Loïg Karadec et Skolpad le Korrigan. ». Un podcast « Les chroniques d’Armorique » sur l’histoire de la Bretagne pour le jeune public est également en ligne sur les plateformes depuis début octobre.
L’artiste est aussi à l’affiche du spectacle « Cœur de Bretagne » avec deux sketchs et une tournée en 2026 qui se profile. Côté projets, une suite du premier spectacle avec « 200 % beurre salé » devrait sortir dans le courant 2025. « Reste plus qu’à trouver les salles. Avis donc aux programmateurs… » conclut l’humoriste.