À quelques pas du phare, rive gauche, l’auteure-illustratrice a élu domicile dans une petite maison typique bretonne qui surplombe le village et offre une vue imprenable sur la mer. C’est ici, dans son atelier où tous ses dessins s’empilent, qu’elle a imaginé l’histoire de son premier album. Le fruit d’un parcours artistique où « l’illustration sera venue sur le tard » confie Rozenn, même si le dessin est pour elle une seconde nature. « J’ai grandi dans une famille où tout le monde dessinait. Ma mère, mon frère aussi qui est devenu peintre. On passait beaucoup de temps à dessiner ensemble. » Tant et si bien qu’elle ne s’imaginait pas faire autre chose. Après un baccalauréat général en poche, elle entre aux Beaux-Arts à Bordeaux pour un cursus de trois avant de prendre la direction de Bruxelles, et de la section illustration de l’Académie des Beaux-Arts. Elle y reste un an, puis décide de se lancer. Trop tôt, dira-t-elle, je n’étais pas prête. Il m’a fallu du temps pour apprendre les techniques de la narration, comprendre comment une histoire se construit, mais aussi tisser un réseau.
Après une parenthèse de quelques années pour un autre dessein, devenir mère et élever ses deux enfants, Rozenn décide de reprendre les crayons. Pour remettre le pied à l’étrier, elle travaille pour des agences de communication auprès d’entreprises. « Il y avait très peu de créativité, et c’était très frustrant. » se souvient-elle. « Mes enfants avaient grandi, c’était le moment de me lancer dans les projets qui me tenaient à cœur. »
Au détour de Doëlan
Un nouveau départ qui coïncide à peu d’intervalle avec l’arrivée de la petite famille en pays de Quimperlé. En 2018, elle quitte la ville et Bruxelles pour s’engager dans un projet d’habitat participatif. « On a eu un coup de cœur pour celui de Riec-sur-Bélon, qui est en cours de réalisation et pour lequel nous cherchons encore des personnes/familles intéressées. » confie-t-elle. En attendant, ils ont posé leurs valises dans le port de Doëlan. « On a une chance folle de pouvoir s’installer ici, dans ce cadre idyllique. » n’en revient toujours pas Rozenn. Un cadre dans lequel elle plante le décor de son premier album Le détour. Tout nous nourrit pour construire une histoire, explique Rozenn. Quand je peux, je passe mon temps à dessiner les gens dans la rue, dans les cafés… raconte-t-elle, toujours un carnet et un crayon à portée de main pour dessiner le quotidien. Mais pour ce premier ouvrage, ce sont ses deux personnages préférés qu’elle met en scène : ses enfants.
« C’était à l’automne 2020, il y avait un protocole strict à l’école, plus de sorties scolaires, plus d’activités et je crois que ça me faisait du bien de les imaginer en liberté dans cette histoire, dans cette sorte d’école buissonnière où ils vivent tout un tas d’aventures. » Sorti en septembre dernier, l’album se retrouve en lice pour la 15ème édition de « Dis-moi ton livre ». Tout comme « La belle Jeanette » de Rémi Courgeon pour lequel elle a réalisé l’illustration. Un prix littéraire pour les enfants et jugé par eux, « quoi de mieux et de plus sincère. » se réjouit-elle d’avance… Rendez-vous en juin prochain pour le palmarès !