Pascal Jaouen

Les 24 et 25 septembre dernier, le brodeur et styliste breton, Pascal Jaouen, offrait un dernier défilé-spectacle « A-Galon » (de tout cœur), mémorable et émouvant. Six représentations à guichet fermé ont signé ce succès, salué par la présence des grandes maisons parisiennes. Tout en élégance, le brodeur bleu* tire de la plus belle manière sa révérence à la tête de l’école de broderie d’art de Quimper. Itinéraire d’un Bannalécois qui a redonné au costume traditionnel breton toutes ses lettres de noblesse.

 

C’est à l’école de broderie d’art de Quimper que Pascal Jaouen nous accueille, au lendemain de ce fameux défilé, encore sur son petit nuage, le regard pétillant et le sourire aux lèvres. Installé à deux pas de la salle d’exposition où cohabitent quelques modèles de costumes anciens et des créations, il remonte le fil du temps et découd la trame de son histoire. Ses premiers souvenirs d’enfant, « à Bannalec, où il y avait encore des femmes en costume traditionnel. » Et puis ce souvenir plus prégnant encore : 1971, la reine de Cornouaille est Bannalécoise, Maryvonne Come. « J’ai alors 9 ans et je découvre son portrait avec sa coiffe traditionnelle sur cette carte postale que j’ai toujours. »

Du cercle à l’école de broderie d’art

Émerveillé par la beauté de ces tenues, il rejoint très vite le cercle celtique de Bannalec « pour se rapprocher du costume », dit-il, puis ceux de Concarneau, d’Elliant, et de Pont-l’Abbé et sa présidence durant 10 ans.
Entretemps, en 1986, il rencontre Viviane Hélias, une des grandes figures du renouveau de la broderie en Bretagne avec qui il découvre cet art, et réalise sa première pièce pour le costume d’enfant de sa fille aînée Maeva, qui vient de naître.
De là, la curiosité se meut en passion. « J’ai voulu toucher à toutes les techniques de broderie (parfilage, fil, tulle…) ». Rapidement, avant même de concevoir ses propres collections, le désir de sauvegarder et transmettre ce patrimoine, et de faire reconnaître le métier de brodeur, le pousse à créer la première école de broderie d’art à Quimper en 1995, et à ouvrir des cours de broderie à Vannes, Brest, Quimperlé et Pont-l’Abbé. Aujourd’hui, 36 écoles de réputation internationale ont ouvert à travers toute la France.

Au fil de soi(e)

Si le costume traditionnel breton a été mis au placard, c’est ici dans le bon sens du terme. « Les armoires en Bretagne en sont remplis. C’est un patrimoine dont chaque famille est très fière. »souligne Pascal Jaouen. Lui, qui aspire à partir de 2002, à remettre encore plus sur le devant de la scène ce même patrimoine, en lui apportant une touche de modernité.
À l’occasion du premier salon international du Textile à Quimper, il décide de sortir sa première collection. Sept autres suivront comme « Gwen ha Du » ou encore « Triskèle – au fil des 3 éléments »… Toutes, d’une certaine manière, rendent hommage à la Bretagne, puisent dans ses symboles identitaires. Comme l’incroyable robe hermine, « sa déclaration d’amour à la Bretagne. » dira-t-il de cette création qui incarne en soi l’engagement profond du brodeur pour sa terre natale et ses traditions.

Des parents de Bannalec, des grands-parents de Saint-Thurien, des oncles et tantes de Mellac et Querrien, et bretonnant jusqu’au bout de l’aiguille, l’enfant du Pays de Quimperlé reste profondément attaché à ses racines. Des racines comme des liens, des fils qui tissent la trame intime de cet artiste, fier « d’avoir contribué à sauver et à faire renaître un patrimoine. » Et prêt à présent à tourner la page pour prendre ce temps si précieux, pour être avec les siens, sa famille, enfants et petits-enfants…, sa plus belle création.

*Surnom issu du livre « Le brodeur bleu » de Pascal Jaouen en lien avec la broderie du pays glazik, alias le pays bleu.

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