Marcel Raoult

En écho aux événements qui commémoreront le 80e anniversaire de la libération de la poche de Lorient, le 10 mai 1945, prévus d’ici à 2025, un ancien Résistant et combattant du pays de Quimperlé, Marcel Raoult, incorporé alors au 7e bataillon FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) raconte ces instants cruciaux qui ont vu la fin de la guerre. Il n’a que 19 ans quand les combats éclatent…

C’est à Clohars-Carnoët au sein de la résidence Amzer Zo , traduisez « il y a le temps », que Marcel Raoult vient de fêter ses 99 ans… Malgré quelques hésitations, sa mémoire est encore intacte, quand il évoque son pays, Doëlan, là où il est né et a grandi. « Mon père était marin de commerce et ma mère était issue d’une famille de fabricants de caques* pour la Compagnie des Indes. » Naturellement c’est donc vers l’océan qu’il se tourne, pour devenir marin-pêcheur dès l’âge de 14 ans. « Pendant la guerre, Doëlan était devenu un grand port de pêche. Beaucoup de bateaux étaient venus s’y réfugier. Ce sont d’ailleurs les pêcheurs qui m’ont enrôlé dans la Résistance. » confie Marcel. Le commerce des poissons servait alors de couverture pour la Résistance, pour se déplacer sans éveiller trop les soupçons dans toute la région, notamment sur la zone côtière soumise à autorisation.

En éclaireur dans Lorient

« Je n’avais pas de haine particulière envers les Allemands. Je me souviens d’un certain Frank basé au poste de surveillance des côtes à Doëlan, qui me disait « krieg ist nicht gut » – la guerre n’est pas bonne -, pour dire son désaccord », se souvient-il.

Mais les événements forcent parfois les destins. Le jeune Marcel se retrouve donc à prendre le maquis quelques semaines du côté de Pontivy, à Cléguérec, fin 1943. Quelques mois plus tard, en mars 1944, il intègre le 7e bataillon FFI du colonel Muller dans le secteur de Plouay. « Nous avions ordre de ne pas attaquer l’armée allemande, car en représailles elle prenait des otages. Nous devions attendre le débarquement de juin 44. »

Les troupes américaines arrivent dans le secteur de Caudan, dans la nuit du 7 au 8 août 1944, et encerclent Lorient. Les combats vont durer dix mois pour libérer la ville. « L’objectif de l’état-major allemand était d’obliger les Alliés à dégarnir les effectifs engagés dans les Ardennes, pour venir engager le combat sur des poches de résistance comme Lorient… ». De ses combats, Marcel se souvient de ce face-à-face avec un soldat allemand qu’il blesse, des patrouilles régulières, de la peur qui passe d’un camp à un autre…

Et puis il y a ce 10 mai 1945 où son bataillon, lui en tête en éclaireur, entre le premier dans Lorient pour se rendre à la kommandantur pour obtenir la reddition de l’armée allemande. Un moment fort et inoubliable. Comme celui qui l’amène à rencontrer le Général de Gaulle en personne. Le 7e bataillon venait d’être dissout pour devenir le 118e régiment d’infanterie motorisé et blindé de Quimper. « Nous sommes allés à Paris pour recevoir des mains du Général le drapeau du régiment. J’étais l’un des gardes d’honneur. Et d’un coup, voyant que j’étais très jeune, il s’arrête devant moi et me demande mon âge. J’étais tellementimpressionné que la seule réponse qui est sortie à ce moment-là, c’est Finistère. » en rit encore Marcel. De son séjour dans la Capitale, il gardera également le souvenir d’un défilé sur la plus belle avenue du monde devant la foule en liesse.

L’après-guerre…

Au lendemain de la guerre, Marcel Raoult prend l’uniforme et s’engage dans la Marine Nationale en tant que spécialiste radio. « De simple matelot, j’ai fini ma carrière militaire avec cinq galons, capitaine de frégate. » souligne-t-il avec fierté avant de devenir directeur du centre de repos et de vacances Les Ramiers à Saint-Brévin-l’Océan.
Au milieu des années 70, c’est la politique qui vient à lui… Il intègre une liste, devient adjoint au maire, puis maire de Clohars-Carnoët de juin 1980 à mars 2001… Finalement, une vie au service des autres, de la Patrie, de son pays, ici, sur les rives de Doëlan…

*barriques où étaient entreposées les sardines pressées et salées.

 

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