Julie Garcia

Julie Garcia, 36 ans, s’épanouit dans son atelier Quimperlois : l’endroit en verre. Un lieu d’expérimentation où cette alchimiste verrière joue avec la matière pour créer continuellement de nouveaux objets. Retour sur son parcours et sa passion pour le verre.

MAG16  : Comment définiriez-vous votre métier  ?

Julie Garcia  : À la base, je suis vitrailliste, c’est-à-dire que je fabrique des vitraux. Mais, aujourd’hui, je fais plus de l’art verrier car j’utilise plusieurs techniques : j’utilise la fusion, le thermoformage, le chalumeau et beaucoup d’autres procédés qui sont du domaine de l’art. En fait, ce n’est pas facile de donner un nom à son métier, alors pour résumer je dis que je fais de l’art verrier.

MAG16  : Vous êtes originaire du sud-ouest, Qu’est-ce qui vous a amenée dans le pays de Quimperlé  ?

Julie Garcia  : La première fois que je suis venue en Bretagne, je devais avoir huit ans, je m’y suis sentie super bien ! Sans savoir pourquoi. Je n’ai pas eu l’occasion d’y retourner ensuite. L’opportunité s’est représentée lorsque j’ai eu 18 ans puisqu’un de mes cousins a acheté un bar à Quimperlé. J’ai appris qu’il cherchait une serveuse et moi, je cherchais un job d’été. J’ai donc sauté sur l’occasion de retourner en Bretagne. Et encore une fois, je me suis sentie extrêmement bien. J’ai sympathisé avec plein de gens et j’ai rencontré celui qui allait devenir mon mari. À la fin de mes études, je suis donc revenue à Quimperlé car c’est là que je voulais exercer mon métier.

MAG16 : Qu’est-ce qui vous a attirée vers ce métier  ?

Julie Garcia  : Dès que j’ai eu 7 ou 8 ans, c’était très clair dans ma tête : quand je serai grande, j’aurai un atelier et je fabriquerai des choses. Je ne savais pas exactement quoi, mais c’est ce que je voulais faire, c’était très clair ! J’ai quand même fait les études dites classiques jusqu’au bac parce qu’il fallait faire quelque chose de sérieux. Mais j’ai eu de la chance d’avoir des parents qui m’ont suivie dans mon choix et qui m’ont encouragée.

MAG16 : On a le sentiment que vous ne pouviez pas faire autrement  ?

Julie Garcia  : Oui, je ne peux pas m’empêcher de fabriquer des choses, c’est plus fort que moi. On me dit que c’est un métier donc tant mieux ! Que ce soit du verre ou une autre matière, il faut que je la transforme pour faire quelque chose avec. Aujourd’hui lorsque je travaille, je me sens dans le même état que lorsque j’étais gamine et que je fabriquais des objets.

MAG16  : Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans le processus créatif  : penser le concept ou fabriquer de vos mains  ?

Julie Garcia  : Au départ, je n’étais pas partie pour travailler le verre mais plutôt la terre, la céramique. Mais le système des Beaux-arts ne m’a pas convenu car c’était le concept qui primait avant tout. Avoir une idée, écrire des pages et des pages sur celle-ci et la faire réaliser par quelqu’un d’autre, ça ne me convenait pas. Je trouvais ça très frustrant de demander à quelqu’un de fabriquer ce que j’avais dans la tête. J’avais besoin de faire aboutir le projet moi-même. J’ai donc cherché une autre école et je suis tombée sur un établissement qui avait un projet très particulier : l’enseignement de l’art verrier traditionnel mais en l’abordant de manière très contemporaine. Donc de sortir du cadre de ce qui se fait en respectant la tradition, en gardant les mêmes outillages, les mêmes techniques mais en apportant un œil actuel.

MAG16  : Et pourquoi le choix du verre  ?

Julie Garcia  : La matière m’attirait énormément. J’ai toujours été fascinée par ce qui est transparent. L’eau par exemple est une matière que je trouve dingue parce qu’elle passe par tous les états. Et ce qui s’en rapproche le plus : c’est le verre. Mais, je savais que ce serait très dur de pouvoir travailler le verre et notamment le vitrail car c’est une technique qui se transmet de père en fils. C’est très fermé. Il n’y a pas beaucoup d’écoles qui l’enseignent.

MAG16  : Quand on pense aux vitraux on pense à la restauration mais vous avez plutôt choisi la création, expliquez-nous pourquoi  ?

Julie Garcia  : J’ai d’abord fait de la restauration. J’ai travaillé pour plusieurs ateliers de restauration. Je suis intervenue sur les vitraux de la cathédrale de Bayonne par exemple. C’est une très très bonne école car en restauration, vous passez après quelqu’un qui n’est plus là, vous devez retrouver les gestes anciens, les couleurs qui souvent ne se font plus d’ailleurs, retrouver les outils qui ont été utilisés pour faire des effets. C’est passionnant mais j’avais besoin de créer.

MAG16  : Est-ce que le vitrail est un art actuel  ?

Julie Garcia  : Il y a des régions, comme le nord de la France, où il est normal d’avoir un vitrail chez soi. Lorsqu’on va en Belgique ou aux Pays-Bas, il y en a partout, ça fait partie de l’architecture. C’est une habitude que nous n’avons pas ici. Beaucoup de gens sont persuadés que les vitraux sont réservés aux églises et qu’ils sont forcément religieux alors que ce n’est pas le cas, il n’a pas que cet usage. J’essaie donc de faire entrer le vitrail dans l’architecture bretonne.

MAG16  : Vous n’utilisez pas que le verre vous mélangez d’autres matières, voire des objets  ?

Julie Garcia  : Oui. Pour mon diplôme, j’ai travaillé sur le thème du temps. Pour cela, j’ai récupéré beaucoup d’objets dans les brocantes qui avaient un lien avec ce thème. De là, j’ai intégré des morceaux de rouille et des objets dans les vitraux. J’essaie plein de choses. Mon four est un objet d’expériences ! Parfois ça marche, d’autres fois non. Par exemple, intégrer des engrenages dans le verre ça marche ! Il faut trouver la bonne courbe de cuisson. Le verre est une matière spéciale, il y a une température où il entre en fusion et après il ne faut pas le brusquer. Il faut que le cœur du verre et l’extérieur se figent en même temps pour ne pas que le verre claque ou qu’il ne se dévitrifie. Tous les verres n’ont pas la même composition chimique et du coup ils ne sont pas tous compatibles entre eux. J’ai un carnet où je note toutes les expériences que je fais. C’est mon livre de recettes.

MAG16  : Vous ne faites pas que des vitraux, vous réalisez aussi des petites pièces. Est-ce pour varier les plaisirs  ?

Julie Garcia  : Oui, la réalisation des vitraux est assez longue donc j’aime bien faire des petites pièces comme des bijoux pour changer un peu. Les petites pièces sont aussi plus accessibles. Je fabrique des petits tableaux, des vitraux intégrés en luminaire, une petite gamme de bijoux et des sculptures d’insectes à base d’objets de récupération. L’idée des insectes m’est venue à force d’entendre parler d’animaux en voie de disparition. Je trouvais ça un peu plombant, alors je me suis dit qu’il fallait essayer d’inventer une espèce en voie d’apparition avec des objets que nous jetons comme des ampoules, des engrenages, … Ce sont des objets de curiosité qui racontent une petite histoire.

©Franck Betermin

MAG16  : On retrouve vos créations à l’atelier 11 à Quimperlé. Vous êtes une des premières à avoir rejoint ce lieu. Comment est née cette aventure  ?

Julie Garcia  : L’atelier 11 est un lieu que je partage avec d’autres créateurs et créatrices. C’est là-bas que je vends la plupart de mes pièces. L’histoire a commencé avec Marine De Tréglodé, créatrice des vêtements de la marque Ond In, qui avait une boutique dans la rue Savary à Quimperlé. Au fil du temps, nous avons sympathisé et elle m’a proposé de la rejoindre. Nous étions deux au départ et nous nous sommes développées pour être 10 aujourd’hui. C’est super ! Ça permet de découvrir des nouveaux métiers et de rencontrer des personnes qui sont dans la même situation que nous et qui sont passionnées par ce qu’elles font.

MAG16  : Mais votre talent ne s’arrête pas là, vous avez également illustré des livres pour enfants. Vous pouvez nous parler de ce projet  ?

Julie Garcia  : Il y a quand même un lien avec mon métier puisque tout commence par le dessin. Il y a longtemps j’avais fait quelques boulots d’illustration mais qui n’avaient pas été de bonnes expériences car je ne suis pas tombée sur des gens très honnêtes. Ça m’avait un peu dégoûtée de ce milieu. Et puis j’ai rencontré Joan Samson qui écrit dans le but de récolter de l’argent pour les sauveteurs en mer. La cause est noble donc j’ai eu envie de travailler avec lui et ça se passe très bien donc on continue. Mais c’est un petit plus pour se faire plaisir.

MAG16  : Quel est votre souvenir le plus marquant ?

Julie Garcia  : C’est peut-être la sensation de s’être sentie bien ici ! D’avoir été bien accueillie par les habitants. Le fait d’avoir eu l’impression qu’il fallait que je fasse un bout de chemin ici. D’être au bon endroit.

MAG16  : Quel est votre lieu préféré dans le pays de Quimperlé  ?

Julie Garcia  : Je suis très très attirée par la côte. Doëlan par exemple, est un endroit dont on n’a plus envie de partir lorsqu’on y est.

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