Aziliz Manrow

Dans la lignée des Manrot-Le Goarnig, porte-Gwen ha Du de la culture bretonne, elle s’était déjà fait un prénom, Aziliz. Retenez désormais son nom d’artiste, Manrow. Un nom qui, même anglicisé, ne trahit en rien son attachement à ses racines, à son histoire familiale. De Moëlan-sur-Mer où elle a grandi à son dernier clip avec Denez Prigent et Oxmo Puccino, la jeune compositrice-interprète s’affirme plus que jamais comme une des révélations de la scène musicale bretonne. Rencontre en terrain connu.

Mag16 : Vous êtes issue d’une famille d’artistes, dessinateur, peintre, sculpteur, musicien, poète, photographe… autant dire que vous ne pouviez que céder au chant des sirènes ?
Aziliz Manrow : Que ce soit en effet du côté maternel ou paternel, il y a dans ma famille beaucoup d’artistes et de personnes intéressées par l’art en général. Cela va du théâtre à la musique, en passant par la peinture, la sculpture, la littérature… C’est un vrai feu d’artifice culturel !
C’est vrai que j’ai baigné dans un milieu théâtral en particulier, avec mon grand-père, Jean Moign qui était comédien, metteur en scène et écrivain. Mais aussi avec ma mère, Corinne Moign, qui a commencé sur les planches toute jeune, en intégrant notamment la compagnie familiale de théâtre musical pour jeune public, Saje et Cie. Tout était créé de A à Z par les membres de la famille ; mon père composait, mon grand-père, ma mère et ma tante écrivaient les textes… J’ai beaucoup appris en les observant et même en participant à des représentations.

Mag16 : Très tôt, ils décèlent vos aptitudes artistiques…
Aziliz Manrow : Petite, en effet, ils avaient remarqué que je chantais assez juste. J’ai alors pu suivre des cours de piano, mais je restais toujours très attirée par le chant. Et au collège de Moëlan-sur-Mer où j’étais scolarisée, notre professeure de musique venait de créer des cours de chorale. Et là, cela a été la révélation pour moi, de pouvoir chanter en chœur, de découvrir cette harmonie des voix.

Mag16 : C’est aussi dans ce creuset familial que vous trouvez et forgez vos influences, vos références musicales ?
Aziliz Manrow : Oui, ce n’est pas évident quand on débute.
La solution, ça a été de me former en tant qu’animatrice polyvalente. J’ai alors beaucoup voyagé en Europe et en Amérique Latine, dans différents hôtels où j’ai pu proposer des spectacles, faire des scènes devant des publics très divers.

Mag16 : Comment définiriez-vous votre style musical ?
Aziliz Manrow : On peut dire pop folk celte, mais j’ai toujours beaucoup de mal à m’enfermer dans un style. Je suis tellement ouverte à différentes influences, même si je suis très fan de la chanteuse et musicienne américaine de country, Emmylou Harris, ou encore de Bob Dylan, Sheryl Crow…. Ce qui m’intéresse avant tout, c’est de pouvoir chanter sur une belle mélodie. Une voix, une guitare, une mélodie, c’est là l’essentiel pour une belle chanson.
La country, c’est un genre musical très vaste au fond, avec différents styles, dont la New country qui est un mélange de musique moderne avec des codes traditionnels. On mélange du fiddle à l’irlandaise avec des basses-batteries hyper rock. J’aime ce cocktail musical très dansant, très festif.

Mag16 : Votre participation aux Rencontres d’Astaffort marque un tournant important dans votre parcours…
Aziliz Manrow : À ce moment-là, je m’interrogeais sur la suite de ma carrière après plusieurs années d’animation. Avais-je envie ou pas de me professionnaliser ? Et c’est ma mère qui a découvert un article sur ces « Rencontres d’Astaffort ».
Cet événement est une sorte de formation, qui a été créé par Francis Cabrel pour y réunir des artistes en devenir.
J’ai envoyé une maquette et j’ai été sélectionnée.

Mag16 : D’Astaffort à aujourd’hui, plusieurs collaborations vont suivre…
Aziliz Manrow : Oui, il y a eu Cali, en invité d’honneur d’Astaffort, pour qui j’ai assuré la première partie et que j’ai également accompagné en tant que choriste.
Au moment où j’ai sorti un premier EP de quatre titres qui s’appelle Let it be beautiful, personne ne me connaissait en Bretagne. Et c’est à cette époque que j’ai fait la première partie de Soldat Louis à Bénodet. C’était la première fois que je faisais une scène avec autant de monde. La scène du Festival de Cornouaille, en première partie d’Olivia Ruiz, reste aussi un moment fort.

Mag16 : Vous sortez en 2019 votre premier album, Earth, salué par la critique… quels sujets aborde-t-il ?
Aziliz Manrow : Le climat, l’environnement, l’époque dans laquelle on vit, notre rapport à la nature sont des sujets qui me touchent et que l’on retrouve au détour des quatorze titres de l’album Earth. J’écris mes chansons en anglais et pour les titres en français et en breton, j’ai fait appel à d’autres auteur·es comme Clarisse Lavanant qui a écrit la chanson Douar. Je tenais vraiment à ce qu’il y ait une collaboration mixte et paritaire pour ce premier album.
Pour le réaliser, on a eu le soutien de nombreux contributeurs grâce à une plateforme bretonne de financement participatif, Kengo.bzh, qui nous a permis de financier l’enregistrement et le clip.
Et puis, au même moment, il y a la maison de disque Coop Breizh qui avait commencé à entendre parler de moi, et qui m’a contactée pour collaborer à la sortie de cet album.

Mag16 : En avril dernier sort le fameux clip « Waltz of life », comment est née votre collaboration avec Denez et Oxmo Puccino ?
Aziliz Manrow : Denez avait entendu parler de moi au travers de certains articles et en écoutant quelques chansons.
Il avait été séduit par mon univers musical avec son répertoire country folk. Et c’est notre label Coop Breizh qui nous a mis en relation pour ce projet. Denez souhaitait que je chante sur l’une de ses chansons, Waltz of life, avec une partie en anglais. J’ai été ravi quand j’ai su ensuite que le rappeur Oxmo Puccino entrait aussi dans l’aventure…

Mag16 : Ce mélange des genres musicaux, entre chants bretons, anglais et rap, peut paraître surprenant ?
Aziliz Manrow : Pas vraiment, Oxmo est avant tout un poète. Je me suis tout de suite dit que ce mélange des genres allait fonctionner pour sa poésie, mais aussi parce qu’il était inattendu. La seule difficulté était de créer cette alchimie entre nous. J’ai proposé une réadaptation de la mélodie pour pouvoir poser le texte en anglais. C’était une incroyable expérience artistique.

Mag16 : Quelle est votre actualité ? Un nouvel album, une prochaine tournée, un concert ?
Aziliz Manrow : Ma collaboration avec Denez va se poursuivre, puisqu’il a souhaité que je vienne sur quelques dates de sa tournée pour chanter. Et puis, j’ai mis à profit cette période de pandémie, pour écrire de nouvelles chansons.
Je suis très contente car plusieurs singles annonciateurs de mon prochain album vont paraitre sur les plateformes digitales à l’été et jusqu’à la fin de l’année. Un nouveau clip arrive aussi.

Mag16 : Vous avez grandi à Moëlan-sur-Mer, c’est resté en quelque sorte votre port d’attache ?
Aziliz Manrow : Ce qui est particulier avec mon histoire, c’est que je suis bretonne, j’ai évolué dans une famille très bretonnante et en même temps, je suis partie très rapidement. Mais j’ai toujours eu besoin de ce retour au pays, à mes attaches. Notamment, ici, à Moëlan où j’ai grandi.

MAG 16 : Vous êtes tombée dans le chaudron de la culture bretonne très tôt… avec des grands-parents militants, la famille Le Goarnig.
Aziliz Manrow : Oui, le bagage familial était conséquent. Et c’est peut-être aussi pour cela que je suis partie. J’avais envie d’avoir un peu d’indépendance, de faire ma propre expérience en dehors de la famille. Je voulais découvrir d’autres cultures, apprendre d’autres langues. Partir loin, se déraciner pendant un temps, permet de regarder différemment ses propres attaches. Ma famille est très engagée dans la défense de la culture bretonne. C’est grâce au combat de mes grands-parents qu’on peut maintenant porter un prénom breton.
Les récents débats autour de la loi Molac montre à quel point le chemin est long. Il faut toujours et encore se battre pour que l’enseignement des langues régionales puisse enfin être pleinement reconnu.

Mag16 : Pour conclure, quel est votre lieu préféré sur le territoire ?
Aziliz Manrow : À Kertalg…

 

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